mardi 11 novembre 2008

Mémoires des Femmes Haitiennes

Repères Chronologiques.
«Jusqu'en 1848, les lois et les arrêtés relatifs à l'enseignement n'avaient jamais fait mention d'une facon spécifique de l'instruction des jeunes filles... A partir de 1848, on commença à prendre en considération l'éducation des filles et l'arrivée des religieuses françaises en 1864 aida beaucoup au développement de l'enseignement féminin» (1)
Maurice Dartigue
Répondant comme pour les services sociaux à un besoin impérieux et fondamental auquel, tout compte fait, l'Etat semble résolument faire la sourde oreille, très tôt, se dessinera en Haïti, par le biais de l'initiative privée, un engouement tout féminin pour l'éducation, lequel en s'accroissant, tendra au fil du temps à faire de ce domaine également riche de retombées sociales, un nécessaire apanage. La liste est longue, en effet, de ces femmes qui s'y sont engagées et dont il serait injuste de ne pas retenir quelques noms:
Marie Jeanne Mazère, dame Pélagie Varin, qu'à sa mort en octobre 1817 l'Abeille haïtienne présente comme «l'une des plus anciennes institutrices de Port-au-Prince»;
Charlotte Létang-Labossière (Mme Altidor Varret), 1819-1901 qui fonda chez elle, dans la ville des Cayes, une école maternelle et primaire qu'elle dirigera toute sa vie;
Cléo Rameau, encore aux Cayes, qui prendra vers 1860 la succession de l'école de Mme Saint-Clair de Brenneville puis la direction du Pensionnat national de demoiselles des Cayes;
Marie-Rose Léodille Delaunay (Mme Belmour-Lepine), 1827 -1906, qui fonde en 1850 une école mixte et l'Institution Mont-Carmel, le meilleur établissement secondaire laïque d'Haïti qu'elle dirige de main de maître jusqu'en 1903;
Antoinette Dessalines (Antoinette Pierrot), fille adoptive de Claire-Heureuse, dont une école de filles à Saint-Marc porte encore le nom en témoignage du don total qu'elle a fait d'elle à l'enseignement;
Mme Etienne Bourand (Annie Desroy) (1891 -1957), qui nous dotera en 1934 du premier collège féminin du pays, le Centre d'Etudes Universitaires d'Haïti. Ce collège qui offre alors des cours d'anglais, d'espagnol, de sténo-dactylo, de coupe, d'art ménager, de solfège et de chant... survit très peu à sa fondation;
On peut encore citer Caroline Chauveau, Erima Guignard, Mme Lucie Paret, Célie Lilavois, Eugénie Pierre, autant de noms aujourd'hui enfouis, et qui, à une époque où l'absence d'encadrement conférait à l'enseignement une allure de défi —l'École normale n'ouvrira ses portes qu'en 1914!—, se sont distinguées, par leur engagement à faire de l'éducation un véritable sacerdoce, maintenant haut un flambeau que plus près de nous entretiendront avec une ardeur renouvelée Fortuna Guéry, Rose Lhérisson-Michel, Marie-Thérèse Colimon-Hall parmi tant d'autres.
(1) Maurice Dartigue, L'Enseignement en Haïti (1804 - 1938)
Repères chronologiques
1816: Pétion crée un Pensionnat national de demoiselles dont il confie la direction à Mme Drury, une anglaise parlant parfaitement le français qu'il fait venir de la Jamaique. Cette école aura une existence brève, Mme Drury ayant quitté le pays peu après.
1817: Ouverture du premier pensionnat mixte par M. et Mme Courtois.
1850: Réorganisation du Pensionnat national de demoiselles pour les jeunes filles de toutes les communes et création du Collège Olive pour les jeunes filles de l'aristocratie impériale.
1860: Création de nouveaux pensionnats de jeunes filles (avec extension dans les principales villes de province) ainsi que d'une cinquantaine d'écoles publiques de filles.
1864-1865: Arrivée en Haïti des congrégations des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny et des Filles de la Sagesse qui établiront «des pensionnats pour la formation de l'élite et des écoles primaires pour les petites filles du peuple».
1880: Mme Argentine Bellegarde-Foureau est nommée directrice du Pensionnat national de demoiselles à qui elle donne une impulsion nouvelle.
1898, août: L'École de Médecine ouvre ses portes aux aspirantes au diplôme de sage-femme. Niveau académique requis: le certificat d'Études primaires.
1899 (nov): Fondation par les médecins de la Polyclinique Péan de l'École libre d'obstétrique. 15 étudiantes y sont admises la même année après avoir subi un examen d'entrée.
1914: Ouverture de l'Ecole normale d'institutrices.
1920, 5 fév: Un règlement de l'Ecole de médecine permet l'accès de la section de pharmacie aux filles.
1929: La Faculté de Droit inscrit ses premières étudiantes.
1930: Les jeunes filles sont admises à l'Ecole d'art dentaire.
1932: Parmi les 190 bacheliers d'écoles déjà prestigieuses à l'époque (Lycée Pétion, Collège Saint-Martial, Saint-Louis de Gonzague,...), on note la présence d'une jeune fille, Yolande Bénédict, élève de l'Institut Alfred-Viau. «Evénement marquant, car c'est la première fois qu'une jeune fille briguait le bac», épreuve redoutée, qu'elle subit avec succès.
1934: La Faculté de Médecine reçoit ses premières étudiantes.
1938: La réforme de l'Enseignement donne satisfaction aux féministes sur bien des points: des femmes furent placées à des postes de direction, le nombre des écoles rurales de filles fut augmenté, introduction des cours d'économie ménagère, pratique du sport rendue obligatoire dans les écoles.
1943: Ouverture à Port-au-Prince de la première Ecole secondaire des filles sous la direction de Mme René Lerebours puis d'une américaine, Miss Dorothy Kerby. Cette école deviendra le Lycée des jeunes filles (actuellement à la rue Capois).
1944, oct: Les filles sont admises à suivre les cours dans les lycées de garcons des autres villes.

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